Résumé :
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"C'est une fille qui monte une chaîne youtube. "a commence toujours de la même façon, et au fond, le principe ne connaît pas de fondamentales variations. Il s'agit d'un côté de la vitre regarder et de l'autre donner à voir. La répétition à l'infini entretient l'illusion du connu, du déjà-vu : c'est familier, ça nous dit quelque chose. Bien vite, les frontières se font plus minces, l'image précédente se superpose à la suivante, et ainsi de suite ; les décors se ressemblent, les mises en scène répondent aux mêmes principes, les visages face caméra se confondent. Je deviens Sibylle Baier, tu es Jane Graverol, elle prend les traits d'Hedy Lamarr et leurs contours se multiplient, comme captifs des glaces d'un kaléidoscope : que dire de nous, de vous, d'elles ' Les identités se déclinent, se construisent en faux ou se rejettent. Elles cohabitent en transparence, et c'est la somme de toutes les parties qui dit quelque chose de l'endroit où l'on se trouve, là, tout de suite, dans l'instant. Comme il est d'usage sur la plateforme de partage de vidéos, Dans ton tube s'enroule en circuit fermé. L'algorithme verrouille les possibilités de sortie et, si on parvient à s'extraire, si l'on finit par être expulsé, c'est désormais projeté en orbite, l'oreille interne toute chamboulée. Florence Andoka nous propose une vertigineuse expérience de lecture, qui laisse à bout de souffle, pétri du plaisir coupable d'avoir consommé trop.
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