Résumé :
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Les Sept cercles viennent prolonger et compléter La fille du chasseur (Thierry Marchaisse 2011). Dans sa vaste fresque en chantier, qui fera en tout quatre volumes, Sophie Caratini a entrepris de restituer, livre après livre, la nature profonde de la relation coloniale, telle qu elle s est construite dans les groupes nomades de l armée française de Mauritanie. En proposant une forme neuve celle de biographies croisées à la première personne elle a voulu conjuger vie personnelle, anthropologie et histoire, et donner ainsi à comprendre de l intérieur les effets de la rencontre coloniale, le choc des cultures et ses implications sur le destin des personnes et des groupes concernés. Comme "La fille du chasseur", ce récit peut donc se lire comme un tout autonome, ou comme une des pièces d un grand puzzle historique. Il est écrit, lui aussi, du point de vue de celui qui en est tout à la fois le narrateur et le personnage central. Mais, cette fois-ci, le témoignage restitué n est pas celui d une femme maure, c est celui d un paysan peul du Fouta mauritanien, Moussa Djibi Wagne. Né noble (c est-à-dire non esclave), Moussa a été enrôlé de force, en 1940, à l âge de vingt ans par les autorités coloniales, alors qu il était parti à l aventure, comme la coutume peule le préconise aux hommes, pour apprendre à connaître le monde avant de fonder leur propre foyer. Obligé, avec tant d autres jeunes africains, de constituer la force noire de l armée française, il a été finalement affecté comme tirailleur sénégalais dans une unité méhariste chargée du contrôle des frontières septentrionales de la Mauritanie. Une grande chance pour lui, car la plupart des hommes de sa classe d âge ont été envoyés en France combattre les Allemands. Et en même temps un grand malheur, car coupé de ses racines, jamais plus Moussa ne reprendra sa place de paysan dans son village, auprès de sa famille.
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