Résumé :
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« Qui est Antoine Montés ? un idiot ? un saint ? l'incarnation de l'innocence désastreuse ? Devenu son ami, ayant interrogé le notaire, recueilli les bruits qui courent en ville, le narrateur tente de reconstituer l?aventure du héros. Mais Montès, tout sensible qu?il est, n?a du monde et des êtres qu?une perception confuse et fragmentaire. Il paraît incapable de s?intéresser vraiment à ce qui lui arrive, de mener des actions réfléchies, et même de terminer ses phrases. Le narrateur se doit - à cette époque Claude Simon se réclame d?un réalisme phénoménologique ? de respecter cette réalité vécue : il en propose donc moins une reconstitution cohérente qu?une restitution à coups d?images, de tableaux successifs, de propos suspendus. Davantage, il ne cesse de recourir à son imagination pour visualiser ce qu?on lui raconte, pour « inventer » ce réel (« je ne pouvais m?empêcher d?imaginer », « il me semblait le voir », « je cherchais à l?imaginer »). Le Vent devient ainsi un grand roman problématique : parce qu?il dénonce notre incorrigible besoin de raison et la prétention des récits traditionnels à imposer un ordre logique au réel ; et parce qu?il s?avoue constamment la restitution imaginaire de ce que Montés a ou aurait vécu. Ce qui ne nuit en rien à son pouvoir d?émotion. Même « réinventé », le destin de Montés est pathétique, tout comme l?amour pudique et timide qu?il porte à Rose et aux deux fillettes. Portrait d?un être dont le comportement ingénu conteste la logique des notaires et l?ordre établi, Le Vent est aussi l?admirable évocation d?une ville méridionale avec ses petites gens, ses places, ses platanes, ses saisons et le vent « immémorial » qui donne son titre au roman. » Jean-Luc Seylaz, Dictionnaire des ?uvres (Laffont, « Bouquins », 1994). Le Vent est le premier livre de Claude Simon publié aux Editions de Minuit en 1957.
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